Quel dialogue tripartite association / salarié / entreprise ?
Compte rendu de la réunion du 6 septembre 2007
Poser les fondamentaux d'un dialogue constructif
Un fossé énorme sépare souvent les discours et l'objectif réel poursuivi. Le risque d'instrumentalisation existe dans les deux sens. Néanmoins les associations et les entreprises sont poussées à construire ensemble pour des raisons structurelles (les associations tentent de trouver de nouveaux partenaires pour faire face aux défis du secteur, notamment le désengagement financier de l'Etat , et côté entreprises, la loi NRE incite à cartographier les actions sociétales et à passer de la déclaration d'intention à l'action). Ainsi, une convergence d'intérêt autour du mécénat de compétences peut permettre de répondre à un enjeu réciproque (« crise du bénévolat » et implication des salariés).
Beaucoup ont pris conscience de l'intérêt à cette rencontre, mais il existe encore de nombreux freins. Les risques ne sont pas neutres. Pour les lever, la première étape consiste à favoriser le dialogue. Cependant, il n'existe pas à ce jour de lieux d'échanges et de réflexion réunissant associations et entreprises pour faire émerger des solutions innovantes. Les raisons sont de trois natures :
- le manque de temps de part et d'autre pour apprendre à se connaître,
- le manque de structures existantes en charge de cette rencontre,
- l'hétérogénéité des acteurs (plus encore qu'au sein des entreprises où les différences sont notables, le monde associatif est profondément hétérogène).
Le manque de structures intermédiaires dans le secteur associatif et l'absence d'une connaissance précise des acteurs (il n'existe pas d'annuaire des associations), ne facilitent pas une rencontre institutionnelle.
Les passerelles existent mais ne se sont pas saisies du dialogue association / salarié / entreprise
Les passerelles existantes entre associations et entreprises (voir liste ci-dessous) sont principalement des réseaux dédiés à leurs « adhérents », plus que des acteurs « intermédiaires » entre ces deux mondes. Leur vocation n'est donc pas prioritairement de créer ces liens. Ainsi, au-delà de clarifier les conditions d'un dialogue constructif et d'identifier les bonnes pratiques, il convient de s'interroger sur les conditions et les modalités pratiques d'un échange optimal. Il faut notamment « inventer » des lieux de rencontre qui devront être l'occasion de favoriser les expérimentations et d'essaimer les initiatives innovantes.
Il sera ensuite possible d'impliquer les « passerelles » en leur proposant des solutions opérationnelles pour renforcer les liens, et en les impliquant dans leur déploiement.
Un ancrage territorial pour favoriser une diffusion des convictions
Les projets associatifs sont intimement liés à l'histoire de leur territoire. Pour permettre la multiplication des relations, il convient de l'ancrer dans le territoire. Les occasions d'échanges doivent donc être favorisées dans ce cadre. De plus, le monde associatif est souvent lié intimement à la personnalité de ses dirigeants, souvent plus qu'à la structure dont ils dépendent. Ainsi pour connaître « les têtes de pont » capables de porter un discours sur un territoire, il conviendra de privilégier une logique de réseau plus que de structures. Comme il n'existe pas à ce jour de mécanisme institutionnelle, il convient de s'en remettre aux personnes de bonnes volontés pour développer ces lieux de rencontre. Dans le cadre des entreprises, le déploiement de l'action sociétale passe aussi par la réalité territoriale des sites où l'entreprise est implantée. Cette logique territoriale est donc le bon niveau d'intervention pour « inventer » un nouveau modèle d'échanges.
3 conditions de succès pour démultiplier les occasions de dialogue
1. Clarifier les points de risques entre associations et entreprises pour poser les conditions d'une relation sereine et constructive
Première étape pour approfondir sur le dialogue tripartite association / salarié / entreprise, il faut lever les tabous d'une part et éviter les logiques naïves d'autre part. Loin des discours incantatoires, il convient d'alimenter un débat rationnel et argumenté.
2. Formaliser des convictions et partager des bonnes pratiques
Une fois les conditions fondamentales posées, il sera nécessaire de s'interroger sur la nature du dialogue tripartite et sur les bonnes pratiques observées.
3. Animer localement des lieux d'échanges et de réflexion
Formaliser ne suffit pas, il faut assurer une large diffusion des convictions et bonnes pratiques. Pour mutualiser, il est nécessaire d'inventer un modèle de rencontres locales duplicables sur le territoire.
Pochaines étapes
Après avoir posé le constat (voir les comptes rendus des 2/05 et 28/06 ainsi que le rapport de synthèse issu de ces deux réunions) et l'exposé des motifs de l'intérêt d'une réflexion sur le dialogue tripartite association / salarié / entreprise (voir compte rendu du 28/06), le groupe de travail propose de procéder en 3 temps :
1. Approfondir le débat sur la nature des relations associations / entreprises
2. S'interroger sur le dialogue tripartite et faire ressortir les bonnes pratiques
3. Concevoir un module de rencontre locale, lieu d'échanges associations / entreprises
Approfondir le débat sur la nature des relations associations / entreprises autour de 4 thèmes
- Comment gérer la contradiction entre 2 positionnements antagonistes ?
Longtemps régies par l'ignorance, voire la défiance, les relations entreprises / associations sont nécessairement confrontés à la gestion de la contradiction. Basé sur des modèles et des valeurs différentes, elles sont naturellement soumises à des tensions. Il serait illusoire, voire destructeur, de vouloir supprimer ces tensions, il faut au contraire apprendre à les gérer. C'est dans la richesse de leurs différences que les associations et les entreprises doivent coconstruire ensemble. Pour cela, l'objectif doit être clair, transparent et partagé. Quel est-il ?
- Comment sortir du cercle « vicieux » de la logique à court terme pour construire à moyen terme, condition sine qua non tant pour l'entreprise que pour l'association ?
Pris dans le feu de l'urgence pour l'un (en ce sens les associations fonctionnent comme les PME), soumis à la pression des parties prenantes pour l'autre, la « dictature » du court terme est le
principal frein à des relations durables. Pour les favoriser, il convient d'analyser les impacts sur le moyen terme. C'est sur cette base d'une prise en compte des enjeux et des bénéfices à moyen terme que l'intérêt de la relation entre ces deux mondes prend tout son sens. Comment se projeter ?
- Quelle est la capacité des deux partenaires à évaluer le retour sur investissement ?
La logique d'une rencontre enrichissante nécessite un « investissement » de part et d'autre dans une relation à moyen terme. Pour déclencher « l'envie », il est donc essentiel d'identifier « le retour sur investissement » pour chacun. Quels en sont les bénéfices ? Quels sont les indicateurs de performance ?
- Reconnaissance de l'apport de compétences réciproques
La « guerre des talents » qui s'engage de part et d'autre justifie de poser les impacts sur le développement des compétences. Il convient de reconnaître les spécificités de chacun, et d'en découvrir les richesses (le secteur associatif, par exemple, est une formation à l'efficience et au management participatif). Quelles sont donc ces compétences ?
S'interroger sur la nature du dialogue tripartite et faire ressortir les bonnes pratiques (voir liste dans le Compte rendu du 28/06)
Clarifier et analyser 4 natures de dialogue dans le cadre du bénévolat et du mécénat de compétences :
- Le dialogue salarié / entreprise
- Le dialogue association / entreprise
- Le dialogue salarié / association
- Le dialogue entre les 3 parties prenantes
Concevoir un module de « rencontre locale »
La valorisation des « success stories » est une condition sine qua non du développement des relations associations / entreprises. C'est sur la base de situations concrètes qu'elles se multiplierons.
En favorisant l'expérimentation et en essaimant les bonnes pratiques, les partenariats autour des compétences pourront se construire durablement.
Pour sécuriser la diffusion des bonnes pratiques, à partir d'une approche par les territoire, il conviendra de créer des lieux d'échanges locaux où a construction des liens prendra son sens.
Le groupe de travail se propose de réfléchir à un « kit de déploiement local » avec un module d'animation concret qui pourra facilement être mis en oeuvre par les acteurs locaux.
Cartographie des passerelles identifiées
Acteurs du côté des entreprises
Les institutions représentatives : CGPME, MEDEF
Le CJD
Les institutions spécialisées dans la RSE / le mécénat : Admical, IMS, ORSE
Les entreprises avec une mission d'intérêt général (Caisse des dépôts - Crédit coopératif, Caisses d'épargne avec les PELS, Groupes de protection sociale avec la gestion des actions sociales des fonds de retraite)
Les fondations d'entreprise (plus de 200 acteurs)
Les agences spécialisées mécénat / RSE telles que Volonteer, Ethiconseil (un dizaine d'acteurs)
Les agences de notation extra-financières (une dizaine d'acteurs)
Acteurs du côté des associations
Les instances représentatives et syndicats : CNVA, CPCA, France Générosité
Les instances des fondations : Fondation de France, CFF
Les services aux associations
Bénévolat : Espace Bénévolat, France Bénévolat, Passerelles & Compétences, Planète Urgence
Conseil et/ou formation : Adema, ISBL Consulting, Le RAMEAU
Communication : Maxyma, TBWA non profit (une dizaine d'acteurs)
Evaluation : AFF, Comité de la charte, Ideas, les cabinets d'audit (Deloitte, Ernest & Young, KPMG ...)
Les sites spécialisés dans le mécénat de compétences : WWO, Koeos
Les fédérations sectorielles, multi-sectorielles (UNIOPSS) et les syndicats d'employeurs
Instances communes : CES et déclinaison régionale CESR
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Limite du périmètre : Jusqu'où faut-il étendre le périmètre ? L'économie sociale en fait-elle partie, et
notamment l'action en faveur des jeunes entrepreneurs ?
Acteurs de l'économie sociale
Institutions spécialisées : CRES, CJDES, UGERES
Réseaux d'accompagnement : Boutiques de gestion, France active, France initiative, Réseau entreprendre, y compris les réseaux spécialisés tels que Jeunes Entrepreneurs de France
Réseaux de financement : ADIE, PlaNet finances
Venture capital : Ashoka, BAC (Business Angel des Citées), Phitrust
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