Hervé Latimier, Sous directeur de l'éducation populaire au Ministère de la Jeunesse et des SportsLe social ne peut et ne doit pas passer uniquement par l'Etat
Regarder la réalité en face n'est pas être déclinologue
Les syndicats en France sont malheureusement peu représentatifs et émiettés ; ils ne détiennent donc pas une légitimité vraiment affermie pour être en mesure de porter la parole au nom des salariés dans leur ensemble. Cette faible représentativité, que l'on retrouve dans le monde politique, réduit notre capacité collective à prendre acte des situations réelles. Aussi, le terrain est-il propice à l'émergence de visions simplistes. Souvent, les décideurs sociaux et politiques connaissent et partagent en privé les constats et les solutions, mais leur légitimité défaillante les place en situation délicate pour tenir publiquement leurs positions. La logique du débat public à l'ossature trop faible engendre des positions théâtrales de principes, lesquelles ne peuvent qu'être génératrices de blocages structurels,... Par exemple, les chiffres donnés par ODISSEE sur le taux de chômage des plus hauts niveaux de formation qui nous place en 21ème position sur 25 en Europe, ou la proportion de jeunes ayant quitté prématurément l'école (17ème sur 25) devraient conduire à discuter de la situation sans a priori : de tels faits révèlent l'inadaptation du système scolaire à l'entrée dans la vie professionnelle, il faudrait remettre à plat sereinement les objectifs et les méthodes de l'Education Nationale.
Inventer un nouveau théâtre où pourront se jouer des débats publics de qualité
Il nous faut construire de nouvelles scènes qui permettront à chacun de se sortir de ses jeux de rôles et autoriseront de prendre acte des situations réelles. Nous devons apprendre à analyser ouvertement et concrètement des situations concrètes. Cela suppose pour chacun de nous d'apprendre à nous comporter à la fois comme des sachants, et comme des apprenants. Admettre d'emblée que l'autre a une part de vérité. Il faut accepter la recherche du compromis comme essentielle.
De nouvelles règles de gouvernance et d'encadrement doivent être inventées qui permettront de parvenir au point où celui qui parlera vrai pourra conserver ses positions partisanes. Cette autre forme de débat démocratique va bien au-delà du seul vote, et organise la palabre, la circulation de la parole qui tient compte des sentiments que chacun peut placer dans ses relations avec autrui. La démocratie, c'est ce qui prépare le vote, lequel, comme toute décision, est imparfait, mais constitue néanmoins un point de compromis et d'équilibre. En politique, plus la décision est éloignée du terrain, plus elle se désincarne ; il faut que chacun sente qu'il détient un poids sur les décisions. Il est ainsi nécessaire de poursuivre la décentralisation institutionnelle et de réhabiliter les élus de proximité pour se rapprocher du local. Dans le dialogue social, il faut que la réglementation cède le pas sur le contrat, qui est porteur de libertés pour les négociateurs sur le terrain. Les syndicats ont également un travail sur eux-même à réaliser : pour développer la syndicalisation, ils doivent devenir un lieu où les salariés peuvent réfléchir ensemble sur l'organisation du travail, faire des propositions. La négociation devrait être première et le conflit second. Il en va de même pour les mutuelles au sein desquelles être sociétaire a perdu son sens.
Impliquer de nouveaux acteurs dans l'Odissée
Je souhaite participer à faire connaître la cartographie des régions françaises en Bretagne, où pourrait se créer une antenne territoriale. Au niveau national, je participerais volontiers à un groupe d'analyse qualitative réunissant quelques syndicalistes et fonctionnaires afin d'étudier les leçons à tirer de la cartographie de l'Union Européenne.
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