Annie Thomas, Présidente de l'Unédic, Secrétaire nationale de la CFDTLa convergence de faisceaux d'alerte
La structure préoccupante du chômage en France
La composition et la durée moyenne du chômage sont très préoccupantes. En dix ans, la quantité de personnes dispensées de recherche d'emploi a doublé. Lorsqu'il y a licenciement, la réinsertion professionnelle est de plus en plus difficile, et devient même rare pour les plus de 55 ans. La protection apportée par l'assurance chômage fait qu'il n'y a pas d'urgence pour prendre en charge le problème : les personnes se sentent en sécurité ; les entreprises se sentent dédouanées. De plus, les possibilités d'embauche sont en quantité insuffisante. Ensuite, lorsque les entreprises françaises créent des emplois, elles ont tendance à recruter des jeunes plutôt que des personnes expérimentées. En effet, les politiques publiques d'exonération de charges ont pour conséquence le développement de bas salaires. Cette trappe à bas salaires conduit à employer des personnes souvent surqualifiées. Cela provoque une rupture entre la qualification, l'emploi, et le revenu.
Formation : construire un socle commun de connaissances et compétences
Beaucoup partagent la nécessité d'un socle commun de connaissances et de compétences à faire acquérir par tous les élèves. Cependant, la force de certains corporatismes du monde de l'éducation en a interdit jusqu'à ce jour une véritable application. Sous le poids de la forte capacité de chacun à défendre le bien-fondé de ses positions particulières, le système scolaire se dédouane de ses responsabilités vis-à-vis des élèves. Il nous faut pourtant mener la question de ce socle de connaissances jusqu'au bout. Cela pose le problème de la méthode de construction de son premier contenu, et de sa réévaluation permanente. Mais les questions d'éducation doivent aussi être traitées globalement. C'est-à-dire dans l'école, mais également hors l'école : en lien avec les questions de logement, de transports, la structure des familles. Enfin sur les questions plus générales de formation, nos systèmes très cadenassés ne sont pas toujours en mesure de répondre aux problèmes des personnes. Ceux qui n'entrent pas dans une case prédéfinie n'ont droit à rien. Par exemple, personne n'a pris en charge la formation des RMIstes.
La recherche peu productrice d'emploi
L'effort de recherche publique (CHU, CNRS, .) est beaucoup plus développé que dans le privé. Cela ne peut qu'engendrer une propension à l'acquisition de connaissances théoriques, et à la découverte de savoirs, plutôt que de savoir faire. Cette difficulté à transformer les découvertes en nouveaux produits et services est renforcée par l'absence de passerelles entre le privé et le public. Insuffisamment confrontée à la pratique, la théorie ne débouche pas suffisamment sur des déclinaisons opérationnelles, pourtant seules sources non seulement de valeur ajoutée, mais surtout d'emploi.
La lente hémorragie industrielle
Nos difficultés de faire circuler l'innovation scientifique se traduisent par un affaissement progressif de notre activité industrielle. Le moindre niveau de nos performances économiques est insuffisant pour offrir la quantité d'emplois nécessaire à notre équilibre social. Les pôles de compétitivité pourraient constituer une piste de dynamisme technologique et économique de nos territoires. Il nous faudrait pour cela apprendre à nous parler pour faire travailler tout le monde ensemble.
Construire une dynamique de dialogue
Il nous faut donc inventer une méthode de réflexion collective qui nous permettra de nous affranchir de nos pesanteurs pour mieux nous projeter dans un avenir porteur de mieux vivre social et économique.
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