Jacques Rapoport, directeur général de La Poste en charge du réseau grand public et du développement territorialModerniser ensemble
Si les fondamentaux de la société civile sont sains, le système public inefficace plonge la France dans la médiocrité.
La société civile est dynamique ; les grandes entreprises françaises prospèrent, souvent grâce à leur activité internationale. Mais le système public absorbe plus de 50% du PIB ; cette situation suit un cours historique multiséculaire valorisant le rôle de l'Etat. C'est ainsi que 60% des Français aspirent à ce que leurs enfants deviennent fonctionnaires. Le désir de protection produit des excroissances et installe alors le risque de l'immobilisme et de lourdeurs déjà souligné il y a plus de deux siècles par Tocqueville. Le système public français se traduit en institutions stratifiées, centralisatrices, sachant mal organiser une dévolution efficace et claire des responsabilités entre les différents niveaux de collectivités publiques. Surdimensionné et peu lisible, le système tend à se bloquer.
L'exemple de l'école montre combien les démarches de modernisation sont difficiles, au travers de des tentatives mal abouties de ministres réformateurs comme Claude Allègre et Luc Ferry. L'aspiration de parents à choisir l'enseignement privé se développe alors, et n'est limité que par des contraintes budgétaires. Personne n'est coupable, mais chacun est coresponsable de cette situation.
L'action économique de l'Etat, à travers la politique de pôles de compétitivité, est également symptomatique. Chaque organisation locale travaille moins avec les acteurs de son territoire qu'avec son organisation centrale parisienne. Il s'ensuit une perte de confiance vis-à-vis de l'action publique, en même temps qu'un appel croissant à son intervention. Les résultants sont connus : des inégalités et de l'insécurité malgré un prélèvement fiscal élevé.
Inventer une démarche d'appropriation des problématiques par le collectif
Moderniser le système public ne peut être le fruit de décisions centralisées, mais d'une appropriation collective, ce qui implique un diagnostic partagé. Cela suppose une méthode bien plus précise que de seuls discours. Il convient de mettre en ouvre une dynamique de réflexion collective, qui ne produira des effets que progressivement. C'est une tâche qui peut paraître ingrate, mais elle est indispensable. La clé du succès ne repose plus sur la seule maîtrise d'un produit ou d'un savoir faire individuel, mais aussi et surtout dans la capacité d'organiser une intelligence collective apte à inventer des méthodes et des organisations nouvelles. Nous devons donc apprendre à diagnostiquer ensemble, mais aussi à inventer ensemble notre avenir commun.
Construire un collectif des acteurs en charge du social
Je souhaite participer à la construction d'un collectif réunissant les acteurs, mais aussi les décideurs des sphères économique, publique et associative.
Cocher la case correspondante signifie que vous donnez votre accord à l’utilisation du service et aux cookies associés