L'éthos européen : inventeur de démocratieI - 2 . Génération de systèmes d'information et performance de l'Humanité
Le partage du savoir engendre la performance
Pour la quatrième fois dans l’histoire de l’humanité, la population mondiale est en plein boom. La démographie mondiale s’est développée en quatre stades, chacun ayant permis une multiplication de la population par dix. Chaque poussée démographique coïncide avec des époques de découvertes scientifiques et techniques en cascade. Chaque fois, c’est l’apparition d’une nouvelle génération de techniques qui ouvre la possibilité d’acquérir de nouveaux savoir-faire aux ramifications multiples, y compris médicales, d’où surgissent à leur tour de nombreuses améliorations des conditions de vie. Chaque fois, ces sauts quantitatifs sont corrélés avec l’apparition d’un nouveau mode de circulation de l’information, lequel favorise un saut qualitatif dans les connaissances, dont la fertilisation croisée engendre à son tour des conditions de vie meilleures.
Notre niveau de connaissances actuelles de la préhistoire[1] n’explique pas la première poussée démographique de 1 à 10 millions de personnes (aux alentours de –35 000). L’éclosion de nouvelles formes de langage et l’apparition des peintures rupestres (-40 000) pourraient avoir permis la conservation et la transmission de l’information et avoir favorisé une organisation tribale ainsi que la sédentarité. Avec la maîtrise de la pierre polie, l’humanité entre dans le néolithique[2] (–9 000). La première innovation médicale connue est la chirurgie dentaire, pratiquée à Mehrgarh dans le Baloutchistan pakistanais (vers –7.000).
De l’apparition de l’écriture (–3300 en Mésopotamie), qui permet de conserver et transmettre l’information à petite échelle, découle la maîtrise de la métallurgie (en –2500), qui nous fait entrer dans l’âge du cuivre, du bronze puis du fer. La population mondiale passe alors de 10 à 100 millions. L’alphabet, qui ne comporte alors que trente signes, nait à Ougarit et à Byblos (vers -1200). En divisant la quantité de signes par plus de cent[3], il simplifie de façon considérable l’écriture au point de la révolutionner et de donner un coup d’accélérateur à la circulation des savoirs. La médecine fait alors un bond, avec la popularisation de la théorie des humeurs diffusée par Hippocrate[4] (en –400).
L’imprimerie apparaît en Chine en 751. Elle autorise la transmission de l’information à beaucoup plus grande échelle. Par la reproduction rapide et à moindre coût des textes, elle rend de vastes connaissances accessibles à une quantité bien supérieure de personnes. En multipliant la quantité de lecteurs, de lieux de lecture et de conservation de la mémoire, elle a donné lieu à un enchaînement de découvertes et d’avancées scientifiques. Conjuguée (en 1450) avec l’alphabet simplificateur, elle permet l’invention des caractères mobiles par Gutenberg qui simplifient l’impression. Elle déclenche alors une nouvelle vague de découvertes en Europe, et ouvre la période de la Renaissance. Sur le plan médical, Andreas Vésale procède aux premières dissections (en 1543) à Padoue, en Italie du nord. Sur le plan technique, l’invention de la machine à vapeur, initiée en 1543[5] et maîtrisée en 1800[6], a entraîné la révolution industrielle. A cette date, la population mondiale atteint le milliard d’habitants.
Enfin, la révolution des télécommunications[1] débute en 1832 avec le télégraphe[2]. L’électricité est maîtrisée dès 1879[3], et donne naissance à l’électronique en quelques décennies seulement. L’informatique accroît encore la quantité de récepteurs, mais surtout, elle place chaque récepteur en situation d’émettre de nouveaux messages. La chimie voit naître la bactériologie dans la seconde partie du XIXème siècle[4], et la virologie en 1898[5], lesquelles entraînent une nouvelle révolution en médecine. En 2010, la Terre est déjà sept fois plus peuplée qu’en 1800, et devrait dépasser les neuf milliards d’habitants à l’horizon 2050.
[1] Télégraphe, photographie, téléphone, cinéma, radio, ordinateur, transistor, télévision, satellite, microprocesseur, téléphone portable, Internet, Haut débit.
[2] Les lois du magnétisme et de l’électrodynamique sont posées par le français André-Marie Ampère en 1820. La première ligne de télégraphe électrique est mise en service en 1832 entre Londres et Birmingham.
[3] Mise au point de l’ampoule électrique par Thomas Edison.
[4] Avec le français Louis Pasteur.
[5] Le premier virus découvert est le virus de la mosaïque du tabac.
[1] La préhistoire se termine avec l’apparition de l’écriture.
[2] La période néolithique se caractérise par le passage d’une société de chasse et de cueillette à une société d’agriculture et d’élevage rendus possible par de nouvelles techniques de domestication et de conservation des végétaux et viandes, et impliquant une sédentarisation des populations.
[3] A cette époque, les idéogrammes chinois sont au nombre de 4 100.
[4] Hippocrate a vécu entre -460 avant JC et – 370 avant JC. La théorie des humeurs propose quatre liquides (la bile, le sang, la lymphe, l’atrabile) explicatifs d’un trait de caractère dominant (bilieux, sanguin, flegmatique, atrabilaire), liés aux quatre éléments principiels à l’origine du monde (le feu, l’air, l’eau, la terre).
[5] A Barcelone, par le navigateur espagnol Blasco de Garay.
[6] Différents brevets sont déposés, dont ceux de James Watt, aux alentours de 1800.
L'éthos européen : inventeur de démocratie
- 1. Perspective historique
- 2. Le partage du savoir engendre la performance
- 3. Génération de systèmes d'information et performance de l'Humanité
- 4. Le partage du savoir impose la réarticulation des valeurs partagées, les religos
- 5. Le partage du savoir entraine le partage du pouvoir
- 6. L'enfance : les démocraties aristocratiques
- 7. L'adolescence : les démocraties représentatives
- 8. La troisième génération : l'âge adulte
- 9. Impact de la culture démocratique sur la performance durable
- 10. Construction de l'Europe
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